Les questions des enfants issus du don
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Pourquoi je ne ressemble pas à papa et/ou à maman ?
Dans le cas d’un don de gamètes, l’enfant n’est pas génétiquement le fils ou la fille de l’un de ses parents ou même des deux (don d’embryon). Il est donc normal que l’enfant ne présente pas certains traits de ressemblance physique. Au sein des CECOS, pour le don de sperme, est pratiqué ce que l’on appelle « l’appariement ». C’est une technique qui permet de sélectionner un donneur en fonction de plusieurs caractéristiques morphologiques : taille, couleur des yeux, des cheveux, le groupe sanguin, la pigmentation de la peau,… La raison est de ne pas introduire de caractéristiques qui soient extérieures au couple (futurs parents).
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Pourquoi n’ai-je pas été conçu comme les autres enfants ?
C’est une question assez récurrente et parfaitement légitime. Le recours à l’AMP est strictement encadré en France. La réponse est apportée par l’article L2141-2 du code de la santé publique qui énonce que : » L’assistance médicale à la procréation est destinée à répondre à la demande parentale d’un couple(al.1). Elle a pour objet de remédier à l’infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué ou d’éviter la transmission à l’enfant ou à un membre du couple d’une maladie d’une particulière gravité (al.2) ». L’enfant conçu par AMP n’a pu l’être que pour deux raisons principales : l’infertilité pathologique d’un de ses parents ou dans le but d’éviter que ce dernier n’hérite d’une maladie. A ce sujet, on peut noter que la lettre du texte reste flou concernant les maladies concernées. La « particulière gravité » de la maladie relève de l’appréciation souveraine du médecin. Enfin, « l’homme et la femme formant le couple doivent être vivants, en âge de procréer, mariés ou en mesure d’apporter la preuve d’une vie commune d’au moins deux ans et consentant préalablement au transfert des embryons ou à l’insémination. Font obstacle à l’insémination ou au transfert des embryons le décès d’un des membres du couple, le dépôt d’une requête en divorce ou en séparation de corps ou la cessation de la communauté de vie, ainsi que la révocation par écrit du consentement par l’homme ou la femme auprès du médecin chargé de mettre en œuvre l’assistance médicale à la procréation » (al.3).
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Est-ce que je rencontrerai plus de difficultés que les autres enfants conçus « naturellement » ?
C’est une question également récurrente à laquelle aucune réponse claire et surtout définitive ne peut être apportée actuellement. En effet, les enfants issus des techniques d’AMP sont encore jeunes en majorité. Les enfants conçus par don de spermatozoïdes sont les plus âgés puisque cette technique remonte au début des années 70. Ces derniers sont aujourd’hui en âge de s’exprimer et de témoigner de leur vécu comme certains ont pu le faire dans l’ouvrage Donner et après… de P. Jouannet et R. Mieusset. Puis, viennent les enfants conçus par don d’ovocytes vers la fin des années 80 et pour lesquels nous n’avons pas vraiment de retours concernant leur vécu. Enfin, il y a les enfants conçus par don d’embryons et pour lesquels nous disposons d’encore moins d’information tant au regard de la nouveauté de cette pratique que du point de vue du nombre d’individus concernés. Au niveau du développement physique, il semblerait que les enfants conçus par don de gamètes ne présentent pas de différence particulière avec ceux conçus naturellement. Au niveau du développement psychologique, le même constat peut être fait bien que chaque enfant conçu par don de gamètes ne témoigne pas du même vécu par rapport à l’histoire de sa conception.
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Ai-je besoin de connaître mes origines/mon donneur pour être heureux ?
Le terme d’origine pour les enfants conçus par AMP avec tiers donneur renvoie principalement au donneur tant au niveau symbolique (représentations) que sur un plan génétique. C’est une question qui amène aujourd’hui une pluralité de réponses de la part des enfants concernés. Chaque histoire, chaque témoignage est parfaitement unique et par conséquent tous les enfants n’accordent pas la même importance à la question des origines et ne définissent pas non plus leurs origines de la même façon. La quête du bonheur est universelle et peut se faire de différentes manières. Le mode de conception particulier des enfants conçus par don ne constitue pas en lui-même un obstacle au bonheur de l’enfant. Néanmoins, le vécu de ces derniers demeure différent comme peuvent en illustrer certains témoignages d’enfants (Mon père, c’est mon père de J-L. Clément, Enfants du don de D. Mehl, Donner et après… de P. Jouannet et R. Mieusset,…).
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Comment vivre bien avec mon histoire ?
C’est une question à laquelle chaque enfant doit tenter de répondre personnellement à moins que ce dernier ne se la pose tout simplement pas. C’est généralement dans la période qui suit l’annonce du mode de conception que cette question surgit. L’enfant peut se demander si cela change quelque chose tant dans ses rapports avec les autres que par rapport à son identité (à la façon dont il se définit). Cette question est une des raisons de la création de l’ADEDD et c’est au sein de l’association que nous tentons d’amener les enfants à trouver une réponse.
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A quoi peut ressembler mon donneur ?
C’est une question à laquelle aucune réponse ne peut être apportée directement puisque le principe de l’anonymat régissant tous les types de dons en France (sang, organes, gamètes et embryons) ne permet pas actuellement aux enfants de disposer d’information sur leur donneur (photo, liste de traits ou particularités physiques,…). Chaque enfant ne peut qu’imaginer son donneur et se le représenter de la façon qu’il le souhaite.
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Est-il possible de rencontrer mon donneur ?
Le principe de l’anonymat sur lequel repose la pratique de l’AMP en France et plus généralement du don (sang, organes, gamètes et embryons) fait obstacle à ce qu’un enfant puisse rencontrer son donneur. La réponse trouve sa justification dans la loi de bioéthique de 1994 et dans l’article 16-8 du Code civil : « Aucune information permettant d’identifier à la fois celui qui a fait don d’un élément ou d’un produit de son corps et celui qui l’a reçu ne peut être divulguée. Le donneur ne peut connaître l’identité du receveur ni le receveur celle du donneur (al.1). En cas de nécessité thérapeutique, seuls les médecins du donneur et du receveur peuvent avoir accès aux informations permettant l’identification de ceux-ci (al.2) ». Cette question renvoie à l’anonymat des donneurs et pour laquelle, l’ADEDD a souhaité affirmer sa neutralité tout en permettant à ses membres, s’ils le souhaitent, de prendre position individuellement sur le sujet.
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Que dois-je répondre au médecin quand il me pose des questions sur les maladies qui existent dans ma famille ?
La réponse devra naturellement tenir compte des antécédents du parent biologique (problèmes cardiaques, cancers, etc.) et mentionner l’absence d’informations du côté du donneur. Bien évidemment, des précautions ont été prises par les CECOS pour sélection les donneurs afin de minimiser les risque de transmission de maladies génétiques. De plus, la loi prévoit qu’ « en cas de nécessité thérapeutique […] les médecins du donneur et du receveur peuvent avoir accès aux informations permettant l’identification de ceux-ci « .
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Est-ce que j’ai le droit de parler de mon mode de conception autour de moi ?
Un enfant conçu par don n’a pas à éprouver de la honte ou de la culpabilité du fait de son mode de conception, il n’en est pas responsable. Il est d’ailleurs concerné au premier chef. L’ADEDD est favorable à la levée du secret sur le mode de conception de l’enfant au sein des familles. Néanmoins, même si nous pensons dans l’association que c’est à l’enfant que devrait revenir le choix de parler autour de lui de son mode de conception, nous respectons la singularité de chaque situation familiale. On ne peut nier qu’un certain tabou demeure encore aujourd’hui en ce qui concerne la stérilité et particulièrement chez les hommes. Ainsi, la confusion entre stérilité masculine et impuissance est malheureusement encore trop présente dans les esprits. Un enfant révélant son mode de conception par don se sperme ou d’ovocyte révèle concomitamment la stérilité de l’un de ses parents.
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Est-ce que beaucoup d’autres enfants sont dans ma situation ?
Concernant le don de gamètes, on estime que le nombre d’enfants conçus de cette façon est de l’ordre de 50 000, en France, depuis le début des années 70.
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Est-ce que moi aussi je serai obligé d’avoir recours à l’AMP pour avoir des enfants plus tard ?
Cette question témoigne d’une inquiétude légitime de la part des enfants conçus par don qui peuvent eux-mêmes se questionner sur leur propre fertilité. La capacité à concevoir des enfants n’est en rien lié au mode de conception puisque cela n’a pas d’incidence sur le bon ou le mauvais fonctionnement des organes reproducteurs. D’ailleurs, certains enfants conçus par don de gamètes sont aujourd’hui parents. Néanmoins, les enfants conçus par don ne sont pas, au même titre que les enfants conçus naturellement, à l’abris de difficultés à procréer et pourraient très bien si nécessaire recourir à leur tour aux techniques d’AMP intraconjugales ou avec tiers donneur.
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Est-ce que je suis « normal » ?
Cette question n’est pas propre aux enfants conçus par don mais commune à tous les individus de la planète. Pour les enfants conçus par don, le « normal » renvoie à l’incidence du mode de conception sur leur développement « bio-psycho-social« . Comme cela a été abordé dans une question précédente, les enfants conçus par don ne rencontrent pas nécessairement plus de difficultés que les autres. Si la norme se réfère à la loi de la majorité, alors non, les enfants conçus par dons restent marginaux puisque minoritaires mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont « anormaux ». La question de la normalité renvoie à la subjectivité puisque selon le lieu et/ou l’époque, la norme ne se définit pas de la même façon. Pour prendre un exemple cinématographique, dans le film Bienvenue à Gattaca, la norme est de concevoir in vitro des enfants afin que ces derniers aient le moins de défauts possibles. Il n’existe pratiquement plus d’enfants naturels puisque les lois de Gattaca les jugent « génétiquement imparfaits ».
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Est-ce que c’est normal de se poser beaucoup de questions ?
Cette question ne concerne pas uniquement les enfants conçus par don mais tous les êtres humains. Les questions des enfants conçus par AMP sont parfaitement légitimes et aucune n’est bonne ou mauvaise. Se poser des questions c’est s’interroger sur soi et/ou sur le monde qui nous entoure afin de pouvoir se situer par rapport aux autres, dans le temps et dans l’espace. Il est difficile de recenser toutes les questions que peuvent se poser un enfant conçu par don et d’y apporter une réponse satisfaisante. C’est pour cette raison que l’ADEDD a été créée et que chaque enfants peut trouver au sein de l’association un certains nombre de pistes qui lui permettront de trouver une réponse ou des éléments de réponse.
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Quelle est la part de l’innée et de l’acquis ?
Cette question provient de la même veine que la précédente puisqu’elle concerne tous les Hommes. Pourquoi les enfants de peintres ou de musiciens de renoms n’ont pas connu la même célébrité que leurs parents alors que ces derniers semblaient posséder un véritable talent artistique ou « don » ? Difficile de répondre. Peut-être que tout ne se transmet pas par la génétique et que certains enfants n’ont tout simplement pas voulu suivre les traces de leurs parents mais emprunter un autre chemin par exemple. La part de l’inné et de l’acquis renvoie comme bien d’autres à la subjectivité de l’individu.
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C’est quoi un CECOS ?
Le terme de CECOS est l’abréviation pour Centre d’Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme. Ce sont des établissements apparus au début des années 70 sous l’impulsion du Professeur Georges David (hôpital Bicêtre). Le statut juridique est de type associatif (loi de 1901). Aujourd’hui, on en dénombre un peu plus d’une vingtaine répartis sur l’ensemble du territoire national. Leurs attributions sont diverses :
– l’autoconservation du sperme réalisé par des hommes à titre préventif en cas de traitement ou d’intervention chirurgicale risquant d’affecter leur fertilité.
– la conservation d’embryons surnuméraires non transférés issus d’une fécondation in vitro.
– le don de gamètes (spermatozoïdes ou ovocytes).
– la recherche (fertilité et stérilité humaine par exemple).
Site des CECOS
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Je pense souvent à mon donneur et j’essaye d’imaginer à quoi il ressemble, est-ce normal ?
Cette question est légitime d’autant plus dans la période suivant l’annonce du mode de conception. Mais peut-être qu’elle mérite d’être abordée sous un autre angle en se demandant pourquoi on se pose cette question et avec quelles attentes ?
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Tout le monde peut-il être donneur ?
Non, les candidats au don de sperme doivent être âgés de moins de 45 ans, avoir au moins un enfant, vivre en couple et avoir l’accord de leur conjointe. Le donneur doit également être en bonne santé et pour s’en assurer, sera effectué un caryotype ainsi qu’une enquête génétique personnelle et familiale. Pour le don d’ovocytes, les candidates doivent vivre en couple, avoir moins de 38 ans et au moins un enfant vivant avec le conjoint actuel et ne présentant aucun facteur de risque. La donneuse doit ensuite subir un bilan génétique comme pour les hommes et clinico-biologique pour s’assurer du bon fonctionnement ovarien.